Pulpe de peau : retour aux sources



Après l’avoir tant scrutée, mise en scène, détournée, s’est imposé en 2004 le désir d’aller voir et photographier la pastèque, in situ, sur son lieu de naissance, dans son cadre naturel.

Je réussis, non sans difficultés, à trouver dans le sud de la France des grands champs cultivés de pastèques, à Aubord (près de Nïmes) puis à Bompas (près de Perpignan).



Réda (chez qui j’ai exposé pour la première fois mes photographies de pastèques, en 2004 à la Galerie d’art de Créteil), m’avait fait rêver, en me confiant un souvenir d’enfance : la colère de son père retrouvant un jour ses pastèques toutes éclatées suite à un excès d’arrosage, tandis qu’elles arrivaient en fin de maturité et qu’elles étaient prêtes à être récoltées. Cette image me poursuivait. Il me fallait me rendre sur les lieux en fin de saison, pour avoir une chance de voir un tel spectacle de pastèques éclatées !…

J’arpentais prudemment les rangées de pastèques, sous le soleil. Le système d’irrigation était fort étudié. Hors de question de marcher sans regarder où l’on mettait les pieds pour ne pas risquer de détériorer le matériel.

Aux soins mis à sa culture, que ce soit le dosage précis de l’arrosage, ou dans l’acte même de tourner une à une et à la main les pastèques pendant les mois de leur croissance on voyait que la pastèque était un bien précieux et demandait grand respect.

Les pastèques ayant éclaté furent rares (preuve des bons soins qu’on leur apportait) mais j’en trouvais néanmoins plusieurs et fus en grande partie rassasiée dans la réalistaion de l’image que Réda avait suscitée dans mon esprit !.






Mon autre bonheur dans ce « retour aux sources » fût de trouver dans ce fruit, ce matériau que j’avais tant travaillé, exploré dans sa chair, parfois malmené, une grande tranquillité et des évocations toutes maternelles.

Les pastèques aux immenses tiges « ombilicales » étaient là, bien rondes, grosses, lourdes, reposant, dormant joliment, à l’ombre de feuillages : leurs très belles feuilles découpées, mais aussi des feuilles de pourpier ou de mauvaises herbes qu’on laissait pousser car cela les protégeait des coups de soleil fatals.

Oui cela me faisait du bien de les voir rattachées ainsi à la terre-mère ; douces, paisibles, protégées.



Les champs de chardon avaient été à l’origine de ma série photographique Duvets ardents . J’avais eu besoin de retrouver des champs de pastèques.

La boucle était bouclée.



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